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Vers une intelligente transparence

 

Greenwashing, fausses informations, dramaturgie toxicologique voire désinformation sont devenus le lot commun d’une certaine communication produit qu’elle soit le fruit de tiers intervenants ou d’entreprises peu scrupuleuses. De Yuka, aux labels cruelty free en passant par le mythe de la naturalité des produits manufacturés, force est de constater que d’aucuns prennent les consommateurs pour des idiots. Une situation qui plonge le consommateur moyen dans une tempête d’allégations créatrices de confusion, de phobies et d’incrédulité. Trois ingrédients « toxiques » si l’on souhaite poser le marché des produits de consommation dans un contexte de saine concurrence et fournir au consommateur l’information factuelle nécessaire à faire des choix en pleine connaissance et sans zone d’ombre.

Balayer devant sa porte !

Les revendications des produits qu’elles concernent leur efficacité, leurs caractéristiques environnementales ou de durabilité ou encore leur vertu sociétale se doivent d’être sincères, véridiques (démontrées par des tests adéquats) et, sans ambiguïté, non trompeuses. Il est dès lors crucial pour l’industrie de balayer devant sa porte afin d’instaurer de bonnes pratiques sectorielles. Rien de plus nuisible pour un secteur que ses canards boiteux ! Pour ce faire, outre le respect strict des réglementations en vigueur, il est essentiel d’établir une déontologie sectorielle. L’auto réglementation d’un secteur en matière de communication commerciale est le marqueur premier de sa responsabilité sociétale et de sa morale. En Belgique, le secteur cosmétique dispose d’un code d’éthique publicitaire et de communication commerciale depuis 1978 et, en 2022, le secteur de la détergence lui emboitera fermement le pas. Ces codes établissent des règles volontaires auxquelles se conforment les secteurs. Ils sont cruciaux. Certes, l’existence d’un code n’empêchera jamais les malveillants de tenter le diable mais il possède des vertus pédagogiques et éducatives qui concourent à la disparition des mauvaises pratiques.

Un mot clé : éducation

Combattre les allégations mensongères et le greenwashing demande la connaissance nécessaire à exercer sa capacité de libre arbitre. Entreprises, autorités et médias sont en première ligne pour aider le consommateur à décoder l’information qu’il reçoit. L’importance de la formation des journalistes est grandissante. Les produits de consommation sont de plus en plus technologiques et les réglementations qui les encadrent très complexes. Déchiffrer des problématiques produit, les analyser et les rapporter de manière objective n’est pas facile. C’est pourquoi, DETIC, via le DETIC Institute, organise des formations pour journalistes en collaboration avec les autorités belges et le monde académique. Aider les journalistes à mieux appréhender les sujets qu’ils traitent, c’est avant tout œuvrer à une meilleure information du consommateur et à sa capacité d’analyse.

En finir avec les « black box » bêtifiantes

Produits « verts », « oranges », « rouges » ! La communication simplifiée à l’outrance par certaines applications mobiles qui se basent sur une liste d’ingrédients pour, de manière totalement incorrecte, établir un comparatif toxicologique est un véritable fléau, nuisible tant à l’intelligence du consommateur qu’à la santé du marché et des secteurs qui y évoluent. Non seulement elles distillent une information trompeuse qui induit en erreur le consommateur mais certaines influencent le marché et, par leur approche simpliste, encouragent une diminution de la qualité des produits. Le consommateur mérite beaucoup mieux que les conseils d’apprentis sorciers qui surfent sur les peurs sociétales. Il est urgent qu’au niveaux national et européen les autorités prennent les choses en mains afin de rendre au consommateur toute sa puissance de décision et de choix. Le Green Deal européen, ses composantes « digitalisation de l’information » et « transparence » sont sans nul doute de très bonnes opportunités pour se pencher sur les problématiques de la communication commerciale, de l’information objective du consommateur et sur la manière dont la justesse de l’information influence les modes de consommation. La crise de la covid-19 a mis très largement en évidence la difficulté de vaincre les créateurs de rumeurs et la puissance de ceux qui ne comprennent pas, ne veulent pas comprendre ou modifient l’information à dessein.

Rendre au consommateur sa puissance de décision

Un citoyen qui décide par lui-même est un consommateur éclairé. Tout le défi de l’information à fournir au consommateur, en plus de la communication légale et de la communication commerciale, tient à cet objectif de ne rien lui cacher et, en toute transparence, de lui donner accès à une information complète, scientifique mais compréhensible, structurée de manière à engendrer un choix libre et en connaissance de cause. C’est un des défis que tente de relever le secteur cosmétique en lançant l’application « cosmile ». Ici pas de comparatif hasardeux mais une information pertinente, accessible et issue d’un processus de cocréation impliquant les parties prenantes. Pas de parti pris non plus, c’est au consommateur de faire son choix, avec son bagage culturel, social et économique, ses goûts, ses envies. L’application contiendra des informations factuelles sur les ingrédients des produits mais s’enrichira également d’informations environnementales et de durabilité. Certes, dans ce cas encore, l’existence d’un tel outil n’oblitèrera pas la nuisance de ses concurrents « réducteurs de têtes » mais on peut espérer qu’il contribuera à établir une salutaire transparence et, à termes, à la disparitions des profiteurs de la désinformation digitale.